Politique / Sida Act Up Je désavoue Act Up

A partir de cet instant précis, je ne suis plus membre d’Act Up.
Je vous désavoue publiquement.

L’association que nous voulons est aimable.

Je crois que depuis l’intervention de Thomas en AG, les bonnes intentions d’Act Up sur l’amabilité (la « tendresse », l’amour, toutes ces choses qui ont été dites à Act Up depuis des années) sont bien finies. Quand Thomas a dit ça en AG, le fait que c’était trop facile de parler de tendresse à Act Up quand la tendresse va toujours dans le même sens et que les gens se font jeter d’une manière vraiment abjecte, Philippe était affalé sur son pupitre, un rire jaune sur les lèvres. Il était pris en flagrant délit de mensonge. Et je crois qu’il faut analyser pourquoi ça se passe comme ça. Cette remarque ne vient pas de nulle part, il vient d’un ex de Philippe, il est aussi un point d’orgue de cette AG, sûrement la plus haineuse de toutes les AG d’Act Up. Car c’est là aussi la responsabilité d’une direction. Quand les gens en viennent à s’affronter de cette façon, ce n’est plus un combat, c’est de la saloperie. Et c’est dans la responsabilité d’une direction de ne pas en arriver là. Act Up a passé les mois avant l’AG à dire « On ne va pas parler de ça maintenant, il y a l’AG » et quand l’AG arrive, c’est ce moment de noirceur totale et il y a quelqu’un pour émettre le souhait de la « tendresse » sans vraiment faire en sorte qu’elle resurgisse. Je suis venu vers vous avec un plan de prévention, j’ai dit qu’on pouvait tout oublier, les affrontements sur Dustan et al, il fallait travailler ensemble, il était toujours temps. Je vous ai tendu la main, vous m’avez mangé le bras.

Alors quand Philippe sort son papier sur « La communauté que nous voulons », un dimanche soir, juste avant la deadline, dans le genre « Il faudrait bien que je m’y mette » et qu’il ressort le coup de la tendresse, c’est qu’il n’a toujours pas compris ce que lui disait Thomas devant tout le monde. Act Up n’a rien d’aimable depuis pas mal de temps, c’est vous-mêmes qui le dites et si j’étais encore en RH, je verrais sûrement des choses encore plus atroces. Les engueulades au local, l’ambiance qui va de pire en pire, ce n’est pas les pitreries de Rachel et les jambes croisées d’Antonin (genre, j’ai pigé que pour être populaire, il fallait être camp) qui vont les faire oublier. Et pour parler d’Antonin, je m’étonne que cette petite merde ait le culot de se faire interviewer par Rachel, dans la PIF, le jour de l’AG, où le mec sort sa théorie selon laquelle l’amour n’existe pas. Super, on l’avait jamais fait ça encore, la pédale bourge de 24 ans or so qui n’a pas encore connu l’amour et qui, du coup, sort une théorie de l’amour absent. En général, ces folles ne venaient pas à Act Up, elles allaient à l’ASMF directo, désormais on leur sort le tapis rouge. Je vous assure qu’on n’a pas créé cette association avec cette idée dans la tête. Rachel encore : « Mais Didier, les temps ont changé, Act Up aussi ». Non, pauvre crétine, ce n’est pas forcément le temps qui change Act Up, c’est toi qui le dénature depuis trop longtemps, avec tes majusculEs qui font que les communiqués de presse de cette association ont l’air de papiers issus d’un journal de lycée (c’est ton côté Poppies à la con). On était professionnels. On est devenu des pitres. Jospin m’a tué, Douste m’a tué, la poignée de porte m’a tué aussi. Vous ne voyez même pas à quel point vos communiqués de presse sont des parodies, on dirait du « Miction » de la belle époque.

Pendant des années, j’ai vu des trucs pas jolis à Act Up et on peut me dire « ça ne t’a pas gêné parce que cette fois, c’est toi qui t’es fait jeter ». Mais non, et il y a des témoins pour ça, je n’ai jamais été content quand il y avait des chunks entiers d’Act Up qui disparaissaient, comme les « Poujadistes ». Il y a de la violence partout, et dans les associations aussi. Mais là, c’est devenu vraiment gerbant. Et le pire, c’est que je ne parle même pas de mes amis qui se font jeter. On dirait alors que c’est partisan. La limite est atteinte quand il y a des gens comme Charles ou Nicolas qui se font jeter, des gens pas particulièrement proches de moi, mais très dans l’idée d’Act Up, pour y avoir donné pas mal d’eux-mêmes, au stade de continuer à porter les t-shirts d’Act Up même si c’est démodé, et qui abdiquent car ils en ont trop bavé. Et c’est impossible de faire revenir ces gens-là, ils ont même été sincèrement incapables d’affronter la dernière AG. Attendez : Nicolas, Charles. Il y a encore des gens à Act Up qui se prétendent être leurs amis et qui font même des livres avec eux et ils les ont vus se faire virer comme des chiens. Comme des chiens.

Il y a un truc à Act Up désormais, qui n’existait pas avant. On se faisait virer, mais il n’y avait pas une petite pute, sur le pas de la porte, qui vous rattrapait pour dire « Tu t’en vas pas, hein, on en parle en CC la semaine prochaine, hein ? » alors qu’on s’est fait brûler en public. Je veux dire, ce con d’Olivier Doubre qui tente de me rattraper par la chemise. Il n’a aucune idée de ce que ça représente de se battre sur un sujet pendant 8 ans dans l’association qu’on a soi-même créée il y a 15 ans et de se faire jeter avec toute une bande qu’on a essayé de convaincre en leur disant : « Non, il y a encore une chance, Act Up va se réveiller, ils sont obligés de se réveiller ». Et désormais, on vous demande même de vous excuser avant de vous éliminer, c’est tellement maoïste. Régis, connu même au-delà du petit monde d’Act Up pour avoir été le premier responsable du fichier d’Act Up capable de le désorganiser, demande à Olivier Jablonski de s’excuser en AG, alors qu’on est sur le point de refuser sa candidature. How vile.

Une fois dans ma vie, j’ai vu ça, c’est lors des réunions de la Gay Pride de 1995 quand la bande de Le Bitoux refusait de donner le nom « Pride » à Têtu et qu’on me faisait la leçon devant toutes les assoces au Dupleix alors que je les suppliais en chialant. En chialant pour de vrai. Well, le pire jour de ces 10 dernières années, la pire journée de ma vie récente, Act Up me l’a fait revivre en déployant le même jeu cynique. Quelle mauvaise pièce de théâtre. La seule chose qui intéresse Claire, c’est que je ne vote pas en début d’AG parce que je n’ai pas acheté ma carte au début de l’exercice 2004. How vile. Tu veux que je t’apporte ma carte de 1989 ? Heureusement Jablonski ne pleurait pas et d’ailleurs pourquoi devait-il le faire, puisque Régis lui demandait de s’excuser devant Victoire qui avait dit, juste avant, qu’elle ne s’était pas sentie offensée par Jab. Alors pourquoi tout ce bazar et pourquoi un mec pas jojo dans son travail à Act Up se permet de demander à un autre de s’excuser. On demande à quelqu’un comme Rémès de s’excuser, Régis, on ne demande pas à quelqu’un d’Act Up de s’excuser pour une faute qu’il n’a pas commise. Quelle honte.

Je vous méprise d’être devenu ce petit truc de merde, qui se targue d’avoir des sentiments quand la seule chose qui compte, c’est votre niveau d’adhésion à vos mensonges. Comme dit Rodrigue : « Mangeot bétonne, Emma verrouille ». Et c’est vrai. Dans l’adversité, pas un seul qui n’admette ses erreurs et pourtant elles sont patentes puisqu’une AG extraordinaire en est la grave conséquence. Ne me dites pas que cette AG n’était qu’une formalité administrative de changement de rythme annuel. Il y avait une crise profonde, c’est d’ailleurs pourquoi une grande partie du bureau a quitté ses fonctions après quelques mois de fonction. Depuis, cette crise est toujours là, vous faites juste semblant de ne pas l’affronter, comme toujours.

L’association que nous voulons a de la mémoire.

Not anymore, encore un mensonge. Mangeot dans l’art des contre vérités. C’est son côté prof qui ressort encore. Quand il apprend que Warning va être créé, il s’en félicite, comme si on avait besoin de son approbation. Je vous rappelle, si vous passez votre temps à l’oublier, précisément, que les CR de la période de crise de janvier / février ne sont toujours pas sortis. A ce jour, le CR de l’AG n’est pas sorti et je peux vous assurer que ça se passera comme ça :
- soit les gens oublient et préfèrent ne pas demander
- soit le souvenir d’une réunion (houleuse) ou d’une AG (houleuse) s’efface, ce qui permet de sortir un CR déformé.

Certains ont eu la délicatesse de ne pas venir en AG (les Gaëlle etc, des gens qui dépensent l’argent d’Act Up mais qui n’ont pas les couilles de venir, un peu comme le mec condamné de Strasbourg qui ne vient pas au jugement, super), d’autres ont préféré ne pas venir le matin (Philippe, Thomas, tout ça), mais il faudrait que ça se sache. Le matin de l’AG, le bureau s’est trouvé dans une situation tellement gênante qu’il a passé littéralement 3 heures à regarder ses pieds. Que des gens dont c’est le boulot et la qualification, l’écriture (Michel Celse et toute l’équipe de Vacarme) arrivent à ne pas faire des CR, c’est le monde à l’envers. Soit ils sont très nuls et ça serait bien de ne pas les réélire, soit ils le font exprès et ça serait bien de ne pas les réélire.

L’absence de CR n’est pas une marotte personnelle. Je l’ai déjà dit, c’est la mémoire de l’association. Vous la détruisez car vous mentez sur les débats internes, vous mentez car on ne peut pas être témoin de vote inaptitude à faire votre travail ou à diriger Act Up, et dans ce mensonge on y voit la preuve définitive que tout est bétonné, que tout est verrouillé, en effet. Quand je pense comment on s’est fait engueuler dans le passé sur les retards de CR, quand on pense à quel point certains CR ont soulevé des débats et des affrontements, que les CR récents aient disparu totalement, cela veut dire qu’il y a des gens qui s’exonèrent des problèmes que pourraient susciter la diffusion des CR en question. Le travail PREMIER d’Act Up est l’information et là, l’information directe qu’on doit offrir à ses membres est oubliée. Et tout ça avec l’accord de certains membres, dont ces deux pédés lipodystrophiés du bas de la salle who should know better et qui sont tellement dans la frustration que lorsqu’on parle de ces CR qui ne sont plus sur Act UpNews, il y a deux roquets qui crient : « Mais on a pas tous Act UpNews ! ». Comme si ça dédouanait Act Up de ses obligations à être transparent ! Comme si ces deux mecs s’imaginaient qu’ils peuvent savoir ce qui se passe à Act Up s’ils n’ont pas Act UpNews !

Ce groupe, c’est désormais une béquille pour des gens qui se servent d’Act Up pour leur seul besoin. Ils n’ont pas particulièrement envie qu’Act Up reste fidèle à son histoire, à ses engagements, à son mode de fonctionnement, à ses principes. Même réduit à une peau de chagrin (comme on dit), ils s’accrocheront au peu que leur donnera Act Up car Act Up donne de moins en moins : moins de photocopies, moins de débat, moins de franchise. On ne débat pas sur Act UpNews car le CC est ouvert pour ça, on ne débat pas au CC, il y a la RH, on ne débat pas à la RH puisqu’on va avoir une AG, on n’a pas débattu à l’AG parce qu’il n’y a pas de CR. La direction actuelle bafoue les règles élémentaires de transparence d’Act Up, règles qui ont été maintenues en dépit de tout ce qu’on peut dire sur Act Up et de toutes les crises précédentes. C’est donc une des bases même de ce groupe qui est détruite et que Rachel ne foute pas ça sur « les temps qui changent », please.

L’association que nous voulons est intransigeante

Pas vraiment, je trouve qu’elle s’accommode de beaucoup de choses. Le discours bareback est « criminel » mais les personnes qui les tiennent sont juste « pathétiques ». Quant à celles qui contaminent ou se font contaminer, elles sont juste « minables ». Si c’est si peu grave, on se demande pourquoi il faut insister. Mangeot, qui connaît bien le sens des mots, qui n’a pas peur de me dire que je ne sais pas ce que je dis (texto, le mec est vraiment condescendant), choisit des mots d’une telle légèreté pour décrire des comportements qui touchent à la contamination des personnes (« pathétiques, minables ») que cela décrit tout à fait le jemenfoutisme d’Act Up sur le bareback. Les patrons de bordel qui se font de l’argent sur les contaminations ne sont pas complices du sida, la preuve, Act Up n’enquête pas sur eux (Têtu le fait), Act Up ne les appelle pas (Didier le fait en 2002 et 2004), Act Up accepte même le principe de leurs pubs dans Action. Mangeot dit exactement le contraire de la vérité. Act Up s’accommode des 15 mois de retard de publication de Protocoles Sud qui sort, je crois, sous forme de photocopies pour être ajouté au rapport d’activité. Ensuite, il y a des piles de Protocoles Sud qui restent au local.

Vous croyez qu’on fait ça au TRT-5 ? Chloé trouve ça normal. Combien d’argent Act Up a reçu pour ce mensonge ? C’est ça les services offerts aux Africains ? Vous savez ce qui se dit, à l’EATG ? Que Gaëlle est allée toute seule à un rendez-vous de Glaxo à Londres, et on ne sait pas ce qui s’y est dit. C’est du François Houyez, non ? On sait comment ça finit ces trucs, les gens finissent à l’OMS pour travailler avec les gens qu’ils ont eux-mêmes combattus. C’est comme si je faisais un livre avec Dustan, pareil.

Quand Rodrigue tombe par hasard sur Mangeot dans un bar et que ce dernier demande à Rod pourquoi il ne revient pas à Act Up et que Rod lui dit que c’est fini pour de bon, Mangeot a le toupet de lui demander : « Mais cite moi un truc qu’on a raté ». Moi ça me rend fou, je ne connais pas une seule personne qui croit qu’elle n’a pas fait des erreurs et croire qu’une association ne puisse pas faire des erreurs sur le bareback, c’est proprement hallucinant. L’intransigeance, c’est d’abord celle qu’on s’applique car on est obligés de faire ce que nous devons faire, c’est notre devoir de militants. Ce type précis de travail, il n’y a que les militants qui peuvent le faire et s’obstiner dans l’idée qu’on n’a pas fait des erreurs, c’est une impossibilité à regarder chez soi et chez les autres ce qui ne va pas. C’est la base de l’esprit sentinelle d’Act Up. Encore une fois, je ne dis pas que je suis parfait sur ce sujet, je dis juste que j’ai énormément insisté, j’ai eu la profonde conviction depuis 1995 que l’épidémie allait revenir et j’ai raconté comment ça s’est passé, au Cap, en Afrique du Sud, quand on a parlé pour la première fois du relapse. Martet est témoin. Pour la première fois de ma vie, j’ai entendu des représentants associatifs dire : « C’est pas parce qu’on est militants qu’on doit être parfaits ». Act Up, c’est l’excellence. On est radical, on est intransigeant. C’est notre rôle. On montre l’exemple, même si c’est dur.

Aujourd’hui, quand vous défendez les séropos lorsqu’ils font des conneries dans leur sexualité, vous ne les défendez pas. Vous vous défendez, vous. Les gens le savent, vous savez. Les gens le disent. Vous défendez vos erreurs passées et peut-être même futures. Envers et contre vous. Vous gardez le parapluie ouvert, on ne sait jamais, ça pourrait vous tomber sur la gueule. Encore une fois (habituez-vous, c’est un leitmotiv), vous ne trouverez pas une personne qui vous dira que je n’ai pas été safe avec elle. Mon motto c’est : « Better dead than unsafe » (c’est un bon slogan de tee-shirt, je vous en donne le copyright). Ce pouvoir-là, je l’utilise. A fond. C’est un investissement que j’ai fait en 1989, quand j’ai créé Act Up. Les dividendes arrivent aujourd’hui. C’est ça, la vraie intransigeance.

L’association que nous voulons est mobilisée

Mobilisation générale ! Pas vraiment. Ce n’est pas parce qu’Act Up semble se réveiller sur le bareback avec un certain nombre d’idées apportées sur un plateau d’argent lors de l’AG (par une personne qu’on éjecte néanmoins) qu’on peut considérer Act Up mobilisé sur le bareback. Lors de la réunion avec Douste, le sujet de la prévention arrive en 6ème position. Pour avoir vu Jérôme parler au Sneg et au Dépôt, je peux vous assurer que le mec pensait plutôt à ce qu’il allait manger le soir même. Si Act Up avait réagi avec la rapidité de ses Com de presse sur les affaires de Reims et de Strasbourg (grosso modo, un texte qui sort en 4 jours alors que sur d’autres sujets comme le mort du Dépôt - et je ne vais pas vous sortir les autres, ils sont dans le livre), ce sont des mois de mutisme, les choses ne seraient pas ainsi. Le groupe Sexpol, il faut bien l’admettre, est ce petit groupe de dindes dirigées par Emmanuel Château, un mec qui doit se sentir vraiment très concerné par l’affaire de Strasbourg. À Sexpol, on discute pendant des heures si on va mettre des mecs sexy sur la brochure de prévention. Après on discute des heures pour savoir si on va mettre des mecs ordinaires. Comme disait Vincent Bourseul, le trésorier que vous avez viré, il aurait été plus efficace de couper la discussion très court en rappelant qu’on peut être à la fois sexy ET ordinaire. À Sexpol, on se pose la question du spanking parce que tu comprends, dans les pratiques hard, il y a des mecs qui se tapent dessus tellement fort que ça saigne tu sais et le sperme, quand il arrive dessus, je te dis pas. Ah bon, ça serait bien, par sens des priorités, de travailler tout de suite sur des routes de contamination BEAUCOUP PLUS EVIDENTES, connards ! A Sexpol, on prépare une brochure Syphilis depuis maintenant deux ans, ils attendent peut-être que la syphilis disparaisse toute seule. A Sexpol, on sort un CR sur la table ronde « VIH & Sexualités » où on peut lire, il faut le faire : « Nous avons excellemment procédé à l’analyse du discours bareback officiel (Dustan / Rémes )pour le combattre ». Même pas peur ! On y apprend que « l’infini de nos pratiques » sont liées « au progrès technologique » ! Le « mentir – vrai » des barebackers ? C’est Antonin qui a écrit ces conneries ou c’est Emmanuel Château ? On dirait du René-Paul de Sida Info Service. Que ces petites connes de Sexpol refusent en masse de voter pour Jablonski, soit. Mais qu’elles se prennent pour des princesses en considérant que c’est à NOUS d’aller les voir, c’est aussi le monde à l’envers : c’est aux commissions d’aller chercher les idées là où elles sont quand on n’en a pas, c’est ce qu’on a toujours fait à T&R. C’est comme ce con d’Eric, aux médias, qui tente de me rappeler que, vraiment, c’est pas correct ton appel au CNS. Tu as appris où la procédure, à l’école du journalisme ? Tu fais partie de cette génération de cons qui arrivent dans les médias ? Tu es le nouveau con du groupe Médias qui prend la place de Xavier Héraud, l’autre con de la vice-présidence porte parole et qui ne va pas chez Ardisson parce qu’il n’a pas les couilles ? C’est ainsi qu’il a excellemment répondu au discours de Dustan ! Attends connard, d’où tu sors, t’es encore un hétéro séronéga de Vacarme ? Tu es payé par Act Up pour tes conneries ou c’est gratuit ? Il y a deux mois en AG, je vous ai dit d’écrire au CNS pour travailler sur le sujet, vous l’avez fait ? Après tu vas travailler à ECS ou à l’OMS, c’est ça ? Quand je suis parti de l’AG, dans le train, je me suis dit qu’il aurait au moins une de mes idées qui serait retenue : la lettre au CNS. C’était ce qui était le plus facile, non ? N’importe qui pouvait le faire (Sexpol, anyone ?). Ben non, deux mois après, rien, et ce con d’Eric me demande pourquoi j’ai fonctionné ainsi ? Parce que je veux que ça aille plus vite connard, et c’est l’idée même d’Act Up ! Et la réponse affirmative de Rozenbaum est arrivée quand ? Cinq (5) jours plus tard !

Alors l’idée d’être mobilisé, quand Mangeot sort, 4 jours avant l’AG, son premier plan de prévention depuis des années et qui est clairement un contre-feu pour préparer mon arrivée et qu’il ose dire en substance : « C’est juste des idées, je ne les défends pas particulièrement », quand il propose son texte « La communauté que nous voulons » en disant, textuellement, « Je ne la défends pas complètement », on se dit que la mobilisation chez Act Up c’est : vous en faites ce que vous voulez. C’est une politique du retranchement, après des années pendant lesquelles, il faut bien voir l’histoire, Mangeot a été l’artisan caché de l’immobilisme d’Act Up sur le bareback. Et il a beau me dire, dans des mails personnels, que ses prises de position dans les émissions de radio sont très courantes sur le bareback, à Act Up, rien de très majeur n’est sorti de sa prose sur ce sujet. Et on est obligé de se poser la question : si Lestrade et Mangeot étaient si amis, s’ils avaient si confiance l’un dans l’autre, s’ils ne pouvaient pas concevoir que le véritable ennemi était dans l’un des deux, alors pourquoi les positions de Mangeot n’ont pas été aussi volontaires que celles de Lestrade ? Qu’est-ce qui le chagrine dans sa libido ? Qu’est-ce qui le gêne dans son passé ? Qu’est-ce qui provoque le doute dans ses convictions ? Voilà la vraie politique à la première personne. Ce n’est pas la politique qui décide que le travail sur les femmes et le sida doit être une priorité quand il n’y a plus UNE SEULE femme séropositive à Act Up, qu’il n’y a plus de commission Femmes, qu’il n’y a plus une seule femme pour mener le combat (ce qui n’empêche pas Emma d’affirmer, 3 minutes montre en main plus tard, en AG, que le travail sur les femmes et le sida DOIT être une priorité). Comme si on pouvait faire d’un thème une priorité quand on n’a plus personne pour le faire avancer ?

Mobilisé Act Up ? Le sujet Nord Sud, c’est pareil. En AG, puisque vous n’avez pas le CR, laissez-moi vous rappeler : une après midi consacrée à définir 3 priorités : Femmes, Nord Sud, Prévention. Pour Nord Sud, c’est pareil que Femmes : plus de commission (dévastée par des personnes qui pensent pourtant la même chose). Plus de responsable (on est obligé de PAYER Nord Sud pour avoir un responsable et quand il n’y a plus d’argent à Act Up, il n’y a plus de Nord Sud). Mais cela n’empêche pas les personnes qui ne sont pas en AG (Gaëlle, Khalil) de penser que c’est une priorité. Quand il est désormais avéré que c’est Oxfam et MSF qui font le vrai boulot de service sur le terrain, ça n’empêche pas Act Up de continuer à débourser du fric pour faire du service en direction de l’Afrique via Protocoles Sud. Déjà on n’a pas réussi à diffuser le premier numéro, mais on s’entête à sortir le second, normal, on a convaincu Pierre Bergé de sortir du fric. EST-CE QUE BERGÉ EST VRAIMENT AU COURANT DE LA FAÇON DONT VOUS DÉPENSEZ SON FRIC OU VOUS VOULEZ QUE JE LE LUI DISE ??? Vous lui soutirez 90 OOO euros et il faut que ça soit Jablonski qui dise, en RH : « Heu, ça serait bien qu’on fasse un point d’info en RH pour dire qu’on a trouvé cet argent, non ? ». C’est quoi la transparence de ces magouilles quand les deux comptables de l’association exigent expressément que Gaëlle n’aille pas au RDV avec Bergé pour lui demander du fric ? Le travail d’Act Up sur les génériques, ça devrait être juste de l’idée, pas des services. Et les idées, ça ne coûte RIEN.

Enfin, dans le texte de Mangeot : « On se sent collectivement responsable chaque fois qu’une nouvelle personne est contaminée, parce qu’on n’a pas tout fait pour l’empêcher ». La toute première ébauche de mise au point. Même pas une excuse. Encore moins un mea culpa, ça serait trop judéo-chrétien. Quand je dis en AG que la stratégie d’Act Up ne pourra pas passer par une « mise au point », pour expliquer que ce qu’Act Up demande aujourd’hui est forcément un aboutissement d’années et d’années d’errements, parce que c’est le seul moyen pour les nombreux témoins de l’inaction d’Act Up de comprendre la moindre évolution de la pensée d’Act Up, on s’en sort avec une tournure vaguement triste, vaguement personnelle. Mais c’est une catastrophe ! Comme je dis à chaque fois désormais, si Jackie Quartz a fait une mise au point dans les années 80, est-ce qu’Act Up est vraiment incapable de le faire aujourd’hui ? Si votre modèle, c’est la pensée socialiste, alors au moins faites ce que les politiques savent si bien faire le soir des élections : admettre qu’on a été battu. Certains promettent même qu’ils vont « prendre acte ». Act Up n’est pas capable de prendre acte. Son panache est si terne que cette association, dont c’est la spécialité, ne sait pas retourner une situation. Il y a une description pour cet Act Up d’avant, c’est le « bel Act Up », l’association qui n’avait pas peur de réfléchir, l’association qui mettait le débat au centre de ses activités, l’association où la raison finissait toujours par l’emporter parce qu’il était impossible de s’entêter dans une impasse uniquement pour garder la face.

Cet Act Up est mort, définitivement mort et c’est pourquoi je le répudie, je le désavoue, choisissez les mots, mais ils sont très pesés. Vous avez le don de pousser les gens à bout, par votre bêtise nouvellement acquise, par cette façon de laisser pourrir la situation en espérant que Lestrade et tous les autres que vous avez maltraités finiront par se taire, de guerre lasse. Si Act Up n’a pas tout fait pour empêcher ces nouvelles contaminations, quelle est la part de responsabilité d’Act Up ? La faute au sida, pas à celle d’Act Up ? Allez au bout de votre raisonnement, putain. Vous ne voyez pas qu’Act Up n’est pas différent d’Aides, des autres assoces américaines, qui blâment l’usage du crystal dans le bareback au lieu de s’intéresser aux vraies raisons qui motivent ces nouvelles contaminations ? Quelle est votre réflexion ? Que pensent vraiment Victoire ou Jérôme, les deux dernières présidentes, de ce sujet ? Quelle est la vraie profondeur de leur réflexion quand Victoire a laissé pourrir cet affrontement immense qui se dégageait dans nos disputes ? Quel est le point de vue de Jérôme, un pédé séronéga qui utilise encore et encore le sida pour se montrer à la télé en défendant le mariage gay quand on sait que tout cela est du mensonge ? Quand le même Jérôme, par un geste de mépris vraiment pathétique, se permet de parler d’un livre, le seul en France sur le bareback, en NOTA BENE de son édito d’Action alors que ce livre consacre 50 solides pages (et le reste du bouquin) à s’adresser uniquement à Act Up ? Quel mépris, quelle incroyable insouciance.

Laissez-moi revenir à la ligne pour le dire : Jérôme Martin est le PIRE président de l’histoire d’Act Up. Et je ne suis pas le seul à le penser, les anciens présidents le pensent et le disent et cela ne les a pas empêchés de voter pour lui. Oui, Marc Nectar s’est avéré être un barebacker, mais il a fait son travail et Mangeot disait même que Nous Sommes La Gauche a été fait malgré son désaccord. Ce type était capable de faire en sorte que plusieurs courants s’expriment en même temps, et Nous Sommes La Gauche est arrivé en même temps que les antiprotéases, plusieurs combats ont été menés de front (même s’ils semblaient s’opposer). Et bien, Jérôme est le pire président et vous avez tous voté pour lui. En France, on a Raffarin car il n’y a personne d’autre pour être premier ministre. À Act Up, on a Jérôme Martin parce qu’il n’y a personne d’autre et que surtout, on s’arrange pour qu’il n’y ait personne d’autre. C’est mener Act Up directement vers le mur. Patiemment, jour après jour. Et vous avez tous cautionné ça, individuellement et en groupe. Quelle honte.

L’association que nous voulons sait compter.

Apparemment, non. Quelques mois après l’élection de Jérôme Martin, un premier appel au secours. Libé en parle dans un entrefilet, l’association a de graves problèmes financiers. Ça s’appelle crier au loup. Trois mois après, on nous explique qu’il n’y a jamais eu de crise financière. Sympa pour tous les gens qui vous ont envoyé du fric. Sympa pour l’efficacité et le discernement d’un bureau associatif qui ne se parle plus en CC (et cela ne se limite pas aux conflits avec le trésorier, hein). Pour limiter la casse, on vire le témoin principal, Vincent Bourseul, un mec si pragmatique qu’il est le digne héritier du meilleur trésorier d’Act Up, Yves Ménager. Quelqu’un qui a de l’autorité, comme Yves Ménager. Mangeot intervient directement auprès de Vincent, un soir, pour lui dire de fermer sa gueule et de ne plus emmerder les activités de Nord Sud. N’oubliez pas que Gaëlle travaille chez Vacarme (elle doit faire cette maquette si laide). Je pose la question : depuis quand un ancien président, quel qu’il soit, se permet d’exercer des pressions directes sur un trésorier ? Vous croyez que je téléphone, tard le soir, chez les responsables d’Act Up, que je leur envoie des mails perso ? Non.

Une association, quoi qu’on en dise, ça ressemble beaucoup à une entreprise. Pour les gens que cette idée libérale chiffonne, les fondateurs d’Act Up ont créé cette association de cette manière. Pragmatisme. Ne pas dépenser l’argent qu’on n’a pas. Ne pas détourner le fric. Ne pas se sucrer au passage. Ne pas exiger l’argent des per diem qu’on n’a pas dépensé. Ne pas utiliser les soi disant tickets de taxi remboursés au retour d’une mission pour s’acheter à manger. Quand on réalise qu’il y a moins d’argent dans l’association, préparer les priorités parce qu’on ne peut pas tout faire. Trancher dans les projets car l’important, c’est de faire le plus important. Arrêter de mener des actions qui n’intéressent personne et surtout les premières concernées, tout simplement parce qu’on est politiquement correct et qu’on a de la culpabilité par rapport à la société. Arrêter de traiter le local comme une poubelle. Nettoyer sa table quand on a mangé comme un porc. Arrêter de voler les objets des autres qui se trouvent là par hasard. Ne pas « perdre » les banderoles « Homophobes » quand elles sont immenses et que des volontaires se sont assez fait chier comme ça pour les fabriquer une fois. Refuser de faire des concerts quand il n’y a personne pour y aller car ça la fout mal vis-à-vis des artistes. Penser qu’une association n’est pas faite pour régler ses problèmes réels de marginalisation sociale car cette association est surtout faite pour lutter contre une maladie qu’on n’a parfois pas soi-même.

L’association que nous voulons est démodée.

You bet. Mangeot encore, dans ses contre vérités. Act Up aime manifester. Depuis quand ? Récemment ? Attendez, il y a eu, là, récemment, plusieurs appels en RH et sur Act UpNews pour aller à une manif sur la liberté informatique, il devait y avoir une personne (ce con d’Antonin, typique, la direction d’Act Up sait dégager les vraies priorités) et on perd du temps pour des manifs où personne ne va ? Vous auriez pu continuer être le Fight Club et vous êtes devenus cette association de pétasses et on met Rachel comme responsable de l’Action Publique ? Mais vous allez continuer longtemps à vous disperser de la sorte ? On fait une AG où, clairement, de nombreuses personnes exigent une certaine forme d’autorité, Emma soumet même son vote en faveur de Jérôme à condition qu’il fasse « des efforts » et deux semaines plus tard, on recommence comme avant, Michel Celse nous balance des ordres du jour incontrôlables de 10 sujets avec 10 appels. Pour 25 personnes. Épuisons encore plus l’association, ils n’auront même plus l’énergie de contester quoi que ce soit. On fait des votes éminemment importants comme l’argent de la pub du Dépôt à 11 (ONZE). La crédibilité, la politique d’Act Up dépend de 11 personnes. Mais c’est là, précisément, que se trouve l’aspect démodé d’Act Up. Comment peut-on laisser passer des articles dans le magazine du week-end du Monde, où on liste Act Up comme une des 3 plus importantes assoces de lutte contre le sida quand on vote l’argent du Dépôt à 11, un mois exactement après la parution d’un article au vitriol dans Têtu ? Normalement, on devrait sauter sur l’occasion pour se dissocier totalement d’une telle mafia !

Alors, et c’est là mon point presque final, on est obligé de se résoudre à l’idée que, oui, Act Up n’est plus rien, ce n’est qu’une coquille vide. Mais c’est là que réside le jeu politique dans toute sa flamboyance et sa sordidité. Même une coquille vide sert à quelqu’un. À qui sert Act Up ? Bien sûr à cette équipe dirigeante dont le seul mot d’ordre est d’exclure toute personne qui ne pense pas comme elle. Ce sont des gens qui trouvent une part formidable d’ego dans le poste ronflant qu’ils portent, comme Xavier Héraud qui, après une année si nulle et si sale en tant que porte parole, ose dire à mon ami Damien Persohn : « De toute façon moi je ne suis plus vice président et je vais me reposer de trois années de réunionite aigue ». Trois années ? Mais qu’est-ce qu’on doit dire, nous ? Tu sais combien de CR on a écrit pendant toutes ces années à T&R et à TRT-5 ? Tu te crois épuisé, pauvre fille ? Voilà les gens qui osent dire, quand on n’est plus que 25 : « Allez ailleurs si vous n’êtes pas contents ». Ce sont des gens qui ne voient dans l’affrontement des idées sur le bareback que le risque du putsch. Le complot ! Ce sont les gens qui déclarent croire le moins à la théorie du complot qui le voient partout. Mais peut-être est-ce la base de leur fonctionnement. A qui sert Act Up ?

Quand on a le malheur de remarquer que l’ours de Vacarme est calqué sur celui d’Act Up, on crie au scandale. Quand on remarque que les sujets absents d’Act Up (le bareback) le sont aussi dans Vacarme, pourtant dirigé par une bande de pédales et de lesbiennes, on crie au scandale. Quand on pense, car on n’ose pas le dire, que les interventions de Mangeot lors de pince-fesses avec Edwy Plenel débutent par des introductions du type : « Philippe Mangeot, rédacteur en chef de la formidable revue Vacarme » et que tout ceci se conclut par une trésorière qui est précisément la fille de Plenel, c’est un scandale.

Et là, c’est ça qui est le point too much. Too much is vraiment too much. Quelques mois avant d’être élue trésorière, cette petite fille qui prenait des notes était déjà couvée des yeux par Mangeot. Il l’introduisait à des personnes en disant : « Tu sais qui c’est ? C’est la fille de Plenel » car, bien sûr, personne ne savait qui c’était. A mon époque, si le fils de Fabius (je ne sais pas si Fabius a un fils, c’est un exemple) était venu à Act Up, je vous assure qu’on aurait partagé l’info. Là, un an après un livre qui a fait la une de tous les journaux, qui a décrit en long et en large le fonctionnement vraiment sordide du Monde, on dissocie totalement l’alliance politique que représente la fille d’un des trois dirigeants de ce quotidien avec une association dont la faiblesse est telle qu’elle est juste bonne à cueillir. Le fruit est mûr, il est juste sur le point de tomber par terre.
Décortiquons cette affaire, si vous le voulez bien. Une semaine avant l’AG, Ève se propose comme trésorière. Déjà, personne ne lui demande son nom de famille, ce qui est emmerdant pour un des 3 postes clef d’une association (je rappelle à ceux qui sont trop cons que ces trois personnes sont celles qui sont légalement responsables devant la loi). Le jour de l’AG, on se demande si Ève va faire son come-out. Et l’incroyable se réalise : elle se présente, mais ne dit pas qui elle est. Si elle avait vraiment préparé ses notes sur ce petit bout de feuille, elle aurait vu le coup venir et elle aurait dit ces mots si simples : « Vous savez, je suis la fille d’Edwy Plenel, mais je vous assure que ça n’aura pas d’incidence sur mon travail ». Il suffisait de dire ça, on s’en serait contenté. On est à Act Up, on a juste besoin d’un peu de transparence. Mais voilà, elle ne le dit pas. Et on est obligé de se dire que c’est la preuve irréfutable de la magouille. Si on cache ça, alors on cache quoi d’autre ? Enfin, Ève se serait-elle proposée pour les beaux yeux de Jérôme Martin ? Je ne crois pas. Le mec est incapable de convaincre quiconque d’adhérer à Act Up. Selon un sondage IPSOS / Vacarme (non, je rigole), 95% des homosexuels ne comprennent pas ce qu’il fait là. Ça vient forcément de Mangeot et n’essayez pas de prétendre le contraire.
Ensuite, Ève aligne en un temps record beaucoup de gaffes graves. Des gaffes qui, en mon temps (bis), l’auraient flinguée en une seconde. Elle n’a pas d’expérience pour la trésorerie, mais c’est pas grave, on vient de sortir d’une crise financière qui n’en est pas une, finalement. Elle n’est pas disponible pour travailler au local jusqu’à juillet, c’est sympa, après on est en vacances et ça sera à peu près 5 mois d’absence au local d’Act Up sur son mandat. C’est toujours ça de pris. Ensuite elle dit qu’elle n’a pas un carnet d’adresses particulièrement fourni et que c’est pas parce que c’est la fille de Plenel que… Thomas pouffe dans le fond : « Ben alors, à quoi ça sert ? » Sacré Thomas. C’est vrai, à quoi ça sert d’avoir cet engagement dynastique qui nous fait tellement chier (les Mangeot, les Hallyday, les Trintignant). Comme si on allait nous faire croire que la fille Plenel ne va pas dire à son père, à un moment, « Heu papa, je peux te parler d’Act Up ? » Comme si dans ces familles prestigieuses, on ne suivait pas les carrières, même caritatives, de leurs gosses ? Give me a break. Ensuite, elle ose dire un truc incroyable : elle a découvert le sida il y a très, très longtemps. D’ailleurs certains d’entre vous n’étaient pas nés, Act Up n’était pas créé. Si je me souviens bien, sa révélation date de l’âge de… 5 ans. Vous êtes toutes coiffées au poteau les filles, il y a en a une qui vous dit qu’elle a rencontré le sida avant vous. C’est le gag générique d’Alain Volny-Anne quand il racontait ce que lui avait dit Claire Compagnon, la directrice d’Aides à la pire époque (celle des morts, pas celle d’Act Up aujourd’hui don’t worry). Alain était effondré parce qu’il avait un ami malade chez lui. Claire lui avait répondu, du tac au tac : « Je t’en parle pas, moi c’est pire, j’en ai DEUX ». Il y a toujours une fille pour vous dire que ce qu’elle vit, c’est pire que vous. Ève is this one. Elle a vu ce malade chez elle, il avait des tuyaux partout, des médicaments, elle dit : « Enfin, pour vous ça doit être d’une effroyable banalité tout ça ». Dans la salle des Beaux Arts, je suis cloué. She is good, je me dis. J’ai trouvé le titre de ma prochaine chronique dans le JDS. « D’une effroyable banalité ».

Eh bien non, ce n’est pas d’une « effroyable banalité ». Passe un week-end avec Hervé Gauchet qui était encore là chez moi il y a deux heures. I dare you, bitch. I dare you. Je te défie de trouver d’une « effroyable banalité » ce que je vis et que d’autres vivent ce moment même. Quand Mangeot dit dans son texte quelque chose qui rappelle qu’on n’a pas « oublié la souffrance de ceux qui ont été malades » ou un truc comme ça, la trésorière dit exactement ces mots : non seulement elle croit qu’elle s’en souvient mais le souvenir s’est tellement estompé dans son esprit qu’elle peut sous-entendre, à nous, que c’est banal. Et c’est un truc tellement énorme que les gens sont soufflés, si un mec comme Cleews était là, il l’aurait virée sur le champ. Il l’aurait foutue dehors. Mais elle n’a pas fini, car pour se sortir de la merde politique dans laquelle elle vient de se foutre, elle assure que ça sera bien pour Act Up d’avoir une « jolie fille » pour aller voir les labos et leur demander du fric. Comment vous pouvez accepter un tel truc ? Je dis, du fond de la salle : « Merci, toutes les folles lipodystrophiées peuvent se faire un nouveau visage ». On est dans une assoce de lutte contre le sida, il y a des mecs handicapés qui n’ont pas envie d’entendre ça. Et c’est la preuve que tout ce qu’on a construit, il y a des gens qui le détruisent, là, devant nous, jour après jour. Et quand vous osez dire que, quand même, la fille d’Edwy Plenel à la trésorerie d’Act Up, c’est un truc que les journaux vont adorer, qu’il y a matière à moquerie ou pire, à enquête, vous avez toute la clique qui fait bloc en autodéfense : « Mais dans ce cas, on aurait dit la même chose pour Mangeot ». Et Philippe de faire ces moulinets de bras. Quand on pense qu’Eve a étudié à la fac la démocratie participative ou un truc comme ça, eh bien ça fait vraiment peur si les jeunes qui sont chargés de développer des idées aussi prometteuses pour notre société se comportent dès 20 ans comme les pires rouages de l’appareil qui écrase les gens. Tel père, telle fille. Et si vous croyez que j’ai peur de dire des saloperies sur Le Monde, alors là vous êtes vraiment dingues, j’en ai rien à foutre du Monde, Philippe peut témoigner que je ne lis pas ce journal.
Je vais vous dire ce que je pense. Et ce que vous allez lire n’a jamais été dit. Scoop, to you. Oui, Act Up ne sert qu’à Vacarme. Car sans Act Up, Vacarme n’a pas de base sociologique ou politique, c’est juste une petite revue de mecs gâtés pourris qui sont des under-achievers et qui ont trouvé ce joujou pour faire croire qu’ils font quelque chose de leurs vies. Comme : écrire des livres, Philippe. Affronter le temps qui passe et l’obligation d’écrire pour de bon ce que l’on pense sans refuser des projets de livres comme tes entretiens avec George Chauncey. Faire en sorte que, sans entrer dans des histoires de compétitions littéraires ou politiques, on contribue RÉELLEMENT à des débats importants, sans faire partie de la petite bande à la con des branleurs intellectuels à la Éribon et des Fassin qui défendent le mariage gay quand ils n’ont rien fait sur le sida, et ça ne vous gêne pas d’ailleurs. C’est étonnant. Vous qui êtes si righteous. Faire qu’on sorte d’un complexe familial, très présent chez les bourges, et ne croyez pas que je ne suis pas au courant parce que je suis fils d’agriculteur (30 hectares, vraiment rien, et dans ma famille on a des dettes) que je ne connais pas cette obligation culturelle, quand on est le fils d’un ex-PDG de Wellcome, de faire « une carrière ». Et que le temps passe. Le temps passe vite, Philippe. Le VIH est là, il faut écrire, il faut se remuer le cul. Toute cette intelligence qui est gaspillée à faire des moulinets de bras et à cacher la vérité.

Il y a treize ans, il ne faisait aucun doute que Philippe serait le plus brillant, le plus fort. On lirait ses livres, il nous guiderait. Le temps a passé et rien n’est sorti. Et c’est là où le lien entre Glaxo et Le Monde se fait. Ce ne sont pas des entreprises clean, vous savez. Ce qu’on pouvait dire à Philippe, il y a treize ans, quand il est arrivé à Act Up, c’était : « Wellcome ». To the pleasure dome. Tu vas travailler. C’est pas grave si ton père est le PDG de Burroughs Wellcome. À cette époque, nous n’avions pas de contact avec les labos. Philippe était sincère, il n’a pas caché ses origines. Mieux, on trouvait ça glamour parce que ça avait un petit twist intéressant. Mais le temps a passé. On a rencontré Wellcome et tous les autres. Et notre naïveté sur l’industrie pharmaceutique s’est estompée. Ce n’était pas de la naïveté, mais il faut dire que nous ne savions pas grand chose. Avec le temps, nous avons appris et au TRT-5, nous avions les premiers rangs pour voir comment ils fonctionnent. Et on sait maintenant qu’il n’y a pas beaucoup de différences entre ces gens et George Bush. Et ce qu’on peut dire à Philippe aujourd’hui, c’est que ça doit pas être drôle tous les jours de vivre avec ça sur le dos. Parce qu’encore une fois, mon père est juste un agriculteur. Pied Noir peut-être, Khalil, mais pas le pire. Et en tout cas, aucune dimension avec le pouvoir d’un laboratoire pharmaceutique qui a enflé, enflé, enflé, jusqu’à devenir cette chose immonde. Et c’est là que je pose la question : si on accepte le passé, notre naïveté, est-ce qu’on veut recommencer la même chose avec Le Monde ? Est-ce que l’alliance avec Le Monde ne justifie pas la compromission vis-à-vis de Glaxo ? Comment les personnes proches de Vacarme, si proche des idées de Nord Sud, peuvent-elles vivre avec une telle contradiction quand on connaît le vrai impact de ces labos sur le Sud ? Sur des centaines de millions de personnes ? Vous avez déjà une idée de la pleine page du Monde pour les 15 ans d’Act Up ? C’est déjà organisé ? Ou c’est en devenir ? À quoi êtes vous prêts pour avoir votre pleine page dans Le Monde, c’est ça qui va être intéressant de voir.

L’association que nous voulons est idiote.

Je crois que j’ai fait ma démonstration.
Je ne serai pas comme la mère Jospin. Je ne reviens pas. Certaines personnes me connaissent assez pour savoir que lorsque je tourne la page, je ne pardonne pas. Vous détruisez ce que j’ai construit. Il ne reste plus rien des trois fondateurs d’Act Up. Vous avez perdu les trois, pour des raisons certes différentes, mais vous les avez perdus. J’étais votre dernier lien avec le début. Et on ne peut pas dire que je n’ai pas essayé de vous convaincre. L’épidémie reprend. Vous contribuez à cacher ce fait. Hugues Ficher se satisfait du chiffre de 5600 nouvelles contaminations pour 2003 . Vous êtes plus intéressés par ce qui se passe à l’autre bout du monde que par ce qui se passe dans vos lits. Pendant des années, vous avez parlé de « tuer le père ». Well, think again : ce qu’on a construit, on peut le détruire aussi. Je déchire en ce moment même ma carte de membre 2004. Et je vais le faire savoir. Que ça remonte dans les médias ou pas, ce n’est pas de mon ressort. Mais je ne peux plus cautionner le mauvais travail que vous faites. Je le redis encore : vous n’avez rien à fêter cette année. Rien. Absolument rien. Votre échec est total. Vous n’avez plus le soutien des gays et des autres. Cette association n’est plus homosexuelle. C’est ce que vous vouliez. Le soir de l’AG, je suis rentré par le train et machinalement, j’ai détruit le numéro de téléphone du standard d’Act Up. Ce n’est pas que j’appelais beaucoup, je sais. Mais dans la liste alphabétique, Act Up était le premier nom. Gone. Désabonnez moi d’Act Up News dès que ce message est passé. Vos réponses à ce mail ne m’intéressent pas. Vous êtes débarrassé de moi pour de bon. Happy ? Et le pire dans tout ça, c’est que j’écris mieux que vous.

L’association que nous voulons n’est pas celle que nous avons.

Didier Lestrade
Mercredi 9 juin 2004