Politique / Sida Dans Mediapart

"Pourquoi les gays sont passés à droite" fait partie des 5 livres à lire pour la gauche. Par Joseph Confavreux.

Didier Lestrade, fondateur d’Act Up France, organisation qui fut à
l’initiative du texte *Nous sommes la gauche*, a publié, en février
dernier, un ouvrage intitulé *Pourquoi les gays sont passés à droite.* Le
livre, très personnel, montre, depuis l’intérieur de la communauté gay, un
basculement fondamental : comment une minorité, en l’occurrence sexuelle,
en vient à s’en prendre, à travers certains de ses porte-voix, à une autre
minorité, la communauté musulmane. Selon Didier Lestrade, *« qu’un gay ou
une lesbienne de gauche puisse s’attaquer à une minorité plus faible que
celle à laquelle il ou elle appartient est, à mes yeux, quelque chose
d’inacceptable. »*

Dans deux chapitres intitulés *« L’extrême droite et les gays en Europe »
et « Le Front national et les gays », Didier Lestrade s’interroge sur
cette *« nouvelle forme d’extrême droite qui réussit le tour de force
d’être tout à la fois xénophobe et pro-gay »*. Il sait bien qu’il a
toujours existé des homosexuel(le)s de droite, d’extrême droite ou
xénophobes, mais il identifie la manière dont l’extrême droite se pare,
désormais et contre son habitude, de la défense des droits des homosexuels
ou des femmes pour attaquer l’Islam et les musulmans.

Ce basculement a été inauguré aux Pays-Bas par Pim Fortuyn, ouvertement gay
et opposé à l’immigration arabe, puis prolongé dans ce même pays par Geerts
Wilders et son Parti de la liberté (*voir notre article à ce
sujet<http://www.mediapart.fr/journal/int...>
*). Celui-ci a servi de modèle à l’entreprise de “dédiabolisation”
entreprise par Marine Le Pen, qui pouvait affirmer, dans un discours
prononcé à Lyon en décembre 2010 : *« J’entends de plus en plus des
témoignages sur le fait que, dans certains quartiers, il ne fait pas bon
être femme, ni homosexuel, ni juif… »* Pour cette extrême droite soucieuse
d’offrir un visage plus présentable à ces électeurs, l’abandon d’un
discours ouvertement anti-arabe passe par une stigmatisation de l’islam
construite à partir d’un souci affiché pour d’autres minorités.