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Après un an de François Hollande, nous restons des citoyens de seconde zone

Vu que le gouvernement a pratiquement les plein pouvoirs, on se demande vraiment ce qui manque à François Hollande pour aller plus vite et répondre aux attentes des Français. Il a une majorité à l’Assemblée, au Sénat, en région. Le PS détient Paris et la région parisienne, qui cumulent le plus grand potentiel financier, commercial et économique du pays.

En l’espace d’un an, c’est sûr il n’aurait pas pu résoudre la crise du chômage et la récession, mais il y a beaucoup d’autres choses à mettre en place. Il n’y a pas eu de mesures phares ou d’énergie pour lancer des projets. L’écologie, par exemple, peut créer des centaines de milliers d’emplois. Il y a des besoins très réels en matière d’économie d’énergie et d’installation.

Ce gouvernement n’a ni le courage, ni l’entrain qu’a eu la gauche au début des années 1980. Et même si c’était le cas, nous sommes en 2013 et nous n’avons pas élu des gens pour qu’ils mettent en place une politique qui a plus de 30 ans.
Le gouvernement n’a eu aucune autorité sur le mariage pour tous
Sur le non-cumul des mandats, le PS n’arrive même pas à imposer au Parlement des choses promises. Ce sont des situations à la source de l’immobilité politique de la France. Tant qu’on n’y aura pas touché, on sera dans une société bloquée. Car les jeunes ne pourront pas accéder à des postes de pouvoir et il n’y aura pas de renouvellement générationnel dans la politique, dans l’administration, dans les villes, dans les entreprises, les médias.

Au niveau du mariage pour tous, il y a une énorme frustration sur la manière avec laquelle le gouvernement a mené sa première grande réforme sociétale. Finalement, personne n’est content. Cela révèle, chez eux, un manque de volontarisme patent, alors même que la mesure ne coûte rien à l’Etat. Et maintenant, on se prépare à de gros problèmes avec certains maires. C’est clair, à part Christiane Taubira, le gouvernement n’a fait preuve d’aucune autorité pendant le débat autour du mariage pour tous

Parodies des Guignols
Le fait est que ce gouvernement est très mou et ressemble beaucoup aux parodies que Les Guignols réalisent. Le chef de l’Etat a son jumeau au gouvernement en la personne de Jean-Marc Ayrault. C’est usant pour les Français. La seule chose qui les rassure, c’est qu’ils n’ont plus Nicolas Sarkozy comme président. Autant dire que cela ne suffit pas pour diriger un pays.
Nous ne sommes pas dupes et nous nous rendons bien compte que notre mouvement est instrumentalisé aussi bien par la gauche que par la droite pour taper sur François Hollande. En témoigne la logique d’opposition frontale de l’UMP par rapport au mariage gay, ce qui n’a pas été forcément le cas sur cette question avec les autres partis de droite des pays occidentaux.

Huit mois ont été nécessaires pour discuter du mariage et ce, avec des arguments qui sont loin d’être nouveaux, puisque nous les avions largement discutés au moment du Pacs. La France est aujourd’hui dépassée par des pays comme l’Uruguay, ou l’Argentine. Elle, qui donne toujours des leçons, n’a même pas été capable d’avancer paisiblement sur un sujet pareil.

Pas de PMA, ni de GPA pendant le quinquennat, c’est une honte
Aujourd’hui, le mariage a été accordé, mais si des femmes veulent avoir un enfant, elles sont obligées de se rendre en Belgique ou en Espagne ou ailleurs pour se faire inséminer. C’est une honte. Nous n’aurons ni la PMA, ni la GPA pendant le quinquennat. On donne la possibilité aux gens de se marier, mais s’ils veulent avoir des enfants, il va falloir qu’ils bricolent.

Il est honteux d’avoir à dépenser de l’argent pour faire quelque chose qu’on pourrait faire à l’intérieur même du pays. Dans un sens, cela signifie que nous sommes des citoyens de seconde zone. Nous avons attendu que la gauche soit au pouvoir pour être reconnus et maintenant cette même gauche nous dit « non non on a d’autres problèmes ». Ce n’est pas comme si la communauté ne les avait pas prévenu de ses attentes.

Changer la société à la base
Nos revendications ne se limitent pas au mariage pour tous, qui d’ailleurs ne touche pas directement l’ensemble des personnes LGBT. D’autres de nos requêtes sont aussi beaucoup plus concrètes et urgentes et notamment sur le problème très grave de l’homophobie. Sur ce plan-là, nous sommes retournés dix ans en arrière !

Dès l’école ou le lycée, des programmes d’information et d’éducation devraient être mis en place afin d’expliquer qu’on a le droit d’être homosexuel. On peut aborder très tôt des problèmes de genre, parce que dès l’âge de 5 ans, les garcons et les filles se posent des questions. Sans cela, on n’arrivera pas à changer la société à la base.

Il faut arrêter de considérer les associations qui s’occupent de l’homophobie comme des cahiers des charges et de doléances. Il doit y avoir un partenariat réel avec les politiques et c’est ce qu’on attend d’un parti de gauche.

La prévention du Sida en échec
Pour ce qui est de la lutte contre le Sida, le débat sur le mariage gay a totalement occulté le sujet. Or si en France, l’accès aux soins est bien fait, la prévention, elle, est dans une situation d’échec, et ce surtout en direction des homosexuels et des personnes issues de l’immigration.

Que fait-on concrètement pour faire baisser la courbe de l’augmentation des contaminations chez ces deux groupes ? Nous avons attendu des années en espérant que le PS, une fois au pouvoir, prendrait cette question à bras le corps. Pour l’instant, ce n’est pas le cas.

La France est aussi très en retard au niveau de la législation pour les personnes transgenres, qui restent invisibles dans la société.
D’une manière générale, toutes les choses à améliorer dans ce pays ne concernent pas que les gays, mais les minorités en général. Le gouvernement ne comprend rien aux questions minoritaires qu’il s’agisse des banlieues, des femmes voilées ou encore de la religion...

Aujourd’hui, les minorités, dans leur ensemble, sont déçues et frustrées par François Hollande. Le fait est, seul un gouvernement de gauche peut les entendre et s’occuper d’eux. Ce qui rend cette première année encore plus décevante, ce manque de volonté politique entraîne actuellement une énorme désillusion.

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