Porno About Machofucker

Pendant les dix dernières années, j’ai eu beaucoup de discussions avec Sylvain Rouzières et une, parmi tant d’autres, avait pour sujet le studio Treasure Island Media (TIM pour les intimes), spécialisé dans les films bareback de San Francisco. Quand on a commencé à entendre parler des films comme Dawson où le mec se faisait juter par une vingtaine de mecs pendant un week-end, on savait bien que ça devait arriver un jour ou l’autre. Il y avait déjà des films bareback avec les teenagers, il fallait que la scène hardcore de SF s’en empare et prenne le leadership.

C’est le cas aujourd’hui, et ces films se vendent très bien, c’est connu. TIM, dirigé par le célèbre Paul Morris, est un studio extrême, pas dans les pratiques sexuelles, mais dans les échanges de sperme. Les partouzes sont courantes, et l’idée c’est de recevoir le plus de sperme possible venant de sources différentes. C’est du sérosorting qui ferait plaisir à Warning : tous des séropos, avec des souches de virus différentes.

Quand on en parlait avec Sylvain, sa version était que c’était dégueu et il avait du mal à s’exciter dessus car c’est toujours filmé avec le contexte de la contamination. Mais il insistait sur l’importance du sperme dans la sexualité gay et il me le rappelait toujours, dans le genre « Bon, tu sais que le sperme, c’est redevenu super important chez les mecs » car il savait que moi, le sperme, ça m’a jamais rendu fou dingue, même avant le sida. Et puis Sylvain et moi on était d’accord pour dire que tous les films de TIM n’étaient pas 100% glauques, il y avait "Meat Packing" à Fire Island où le sexe était mieux, sûrement parce que ça se passe en extérieur (rare chez ce studio) et qu’il avait cet acteur assez génial Brad McGuire.

Mais quand on arrivait à Machofucker, on partageait le même avis. J’ai découvert ce sous-label de Treasure Island grâce à Jean-Noël René Clair qui m’en a parlé et je me suis abonné quelques mois, car c’est assez incroyable. Pour ceux qui aiment les Blacks et les Brésiliens ou les Latinos, ce site est irréel. On y trouve certains acteurs qui ont joué pour Alexander Pictures, comme Pablo, et chez Machofucker, avec quelques années et quelques kilos en plus, c’est comme si ce type était reborn. Une illustration typique de l’effet bareback.

Sylvain et moi, on était d’accord pour dire que Machofucker était différent, et ça nous restait en travers de la gueule. D’abord, c’est pas filmé pareil. L’action se spécialise dans des baises à 2 ou 3 maximum, avec des mecs qui ont des bites les plus belles du monde et les corps qui vont avec. On est dans le bareback, no doubt, mais le réalisateur n’en fait pas tout un plat. L’angle de Machofucker, c’est de montrer des mecs immenses en train de baiser sans capote, et finalement ça arrive à un truc torride où ça ressemble à du sexe d’avant le sida. Vraiment.

Ici, il n’y a pas de mise en scène sur le sperme, ou alors ça va vite. Ce qu’on montre, c’est juste de la baise, bon OK très énergique, souvent rough mais pas SM, dans une ambiance moite d’Espagne, du Brésil ou de Miami, je sais pas où c’est filmé. Les mecs font des choses qui sont simples, mais totalement débridées. Quand il y a un fucker, et ce studio en est rempli, c’est un mégafucker, un machofucker.

Je chroniquerai ici les DVDs e Machofucker, comme je chroniquerai les autres de Treasure Island (que je ne regarde jamais en revanche, c’est trop beuaaaargh pour moi), mais je voulais établir cette relation avec Machofucker dès le début de ce site web parce qu’elle est importante dans le cadre de la prévention dans le porno. Là, il n’y en a pas. Alors pourquoi cela me choque moins que dans les autres films bareback ?

Quand je dis que Machofucker me rappelle le sexe avant le sida, c’est vrai. Souvent, dans les films bareback, la capote est virtuellement là, même si elle est absente, car tout l’enjeu est de montrer des scènes où elle devrait être là. Les mecs font des truc typiques de l’arrêt de la capote. Ils surjouent le truc de l’exposition, ils sont moins dans l’idée de baiser que de jouir là où il faut pas. C’est donc surtout un truc fétichiste et tout est dans la théâtralisation de l’échange et la répétition de ces échanges.

Chez Machofucker, rien de tout ça. C’est juste de la baise, dans un appartement, avec de la lumière, avec une caméra qui fait bien son boulot avec des plans d’ensemble et des détails, mais rien d’obsessionnel. On voit les mecs bouger, car ils bougent vraiment bien. Donc, avant de revenir plus en détail sur les DVDs que je possède, je voulais insister sur le fait que Machofucker est un studio qui défie les principes que l’on se fait sur ce qui doit être montré dans un film de cul au niveau de la prévention. Il y a des films de grands studios où le sperme est juste borderline, il est juste à côté d’être non safe et ça fait chier. Là, on est dans du BB à 100% et le résultat est plus franc, plus sain en fait. C’est le sujet du paradoxe.