Porno Les seconds rôles du porno gay

Il y a quelques semaines ont eu lieu les GayVN Awards de San Francisco, on a donc une idée assez précise des hommes qui sont considérés par les professionnels de la profession comme représentant les contours de l’érotisme gay de Now. Les prix décernés sont un moyen de voir d’une manière assez panoramique ce qui se passe dans le mainstream gay.

Mais le porno, comme le cinéma en général, est toujours enrichi par les seconds rôles, ceux qui ne sont pas sur la jaquette du DVD. On se moque de cet objet déjà dépassé, mais le DVD, en tant que représentation de ce qui se trouve à l’intérieur, fait passer des choses essentielles sur la hiérarchie du porno alors que le streaming a tendance à mettre tout au même niveau. Sur le DVD, les acteurs qui sont sur le recto de la jaquette font vraiment partie du box office. Le second rôle, c’est celui qui est dans un coin du dos du DVD, en tout petit, celui qui a accroché votre regard (j’adore cette expression, comme si quelqu’un prenait votre regard, tirait dessus et mettait un crochet dedans, ouïe) et qui marche à tous les coups. C’est exactement comme dans le cinéma : c’est cet acteur secondaire qui donne du volume à la distribution, qui fait le lien entre la star du film et nous, spectateurs insignifiants, qui montre aussi si le réalisateur a eu un coup de génie dans le casting ou s’il n’a pas fait exprès. On retrouve « La Règle du Jeu » de Renoir : le mec qui est bien est dans les cuisines, pas dans le salon.

Car il y a des jours où le meilleur film, le meilleur acteur ne suffisent pas. Ou, par une injustice encore plus inexplicable, même vos DVDs fétiches ne parvienne pas à satisfaire votre besoin de ooomph du moment. C’est d’ailleurs la honte quand ça arrive, on est plein de doute, on se dit qu’on n’est pas en forme et tout.

Alors vous avez besoin de la bombe H. Il faut aller chercher ces acteurs de seconde zone qui ont un truc tellement personnel, tellement vous que votre relation avec eux est très perso. D’ailleurs vous n’en parlez jamais tellement c’est intime. Merde, je suis en train d’écrire un texte dessus, ooops, trop tard. Bref, ce sont des acteurs pornos qui sont noyés dans la masse parce qu’il y en a beaucoup, puisque chaque acteur représente un angle très précis d’un fantasme gay. Et comme il y a plein d’acteurs sur sont empilés à 15 aussi sur ce même créneau, vous réalisez que ça fait des milliers d’acteurs pornos tout ça, de quoi remplir une ville (où je suppose que ça doit baiser beaucoup, mais passons). Ces DVDs de mecs de seconde zone ne sont même pas des objets de valeur. Ils ont tous un côté naff, les jaquettes sont laides, les acteurs proviennent souvent des pays de l’Est ou du Brésil, certains en France et en Allemagne, le reste aux USA – mais ce ne sont pas les mêmes, j’expliquerai plus loin pourquoi.

Les mecs dont je parle ont des caractéristiques communes. Ce sont des hommes (passifs ou actifs, qu’importe) avec des visages très masculins, pas particulièrement virils, mais masculins dans un look hétéro banal. Ils sont souvent bien foutus mais sans être forcément des bodybuilders, ils ont surtout des bites dures, très légèrement recourbées vers l’intérieur et ce sont des mecs calmes dans le genre « J’assure mais j’ai pas besoin de faire la super-pouffiasse ».

Ce sont des acteurs secondaires qui sont pourtant en possession de la pierre philosophale du sexe. Ils sont excitants tout le temps, sans faire grand chose de spécial, sous tous les angles et surtout : quand on voit un bout de leur corps, on a une vision imaginaire très fine du reste du corps qu’on ne voit pas. J’explique : souvent dans le porno, on est coincé par une scène où un gros plan plombe l’ambiance parce que ça dure trop longtemps, ou qu’on ne voit pas ce qui se passe, bref, on perd le fil. Avec ces mecs, même un détail de leurs corps rappelle l’ensemble. On sait ce qui se passe hors du cadre de l’image et ça, c’est rare. On voit la jambe, on imagine le torse. On voit le visage, on imagine la bite. C’est une vision kaléidoscopique. Comme au cinéma, un détail ou un bras d’une grande star symbolise à lui seul tout le reste de l’attrait pour cette star. La main de Greta Garbo, c’est tous les films de Greta Garbo mis les uns sur les autres. Chez ces acteurs pornos, s’il y a un plan rapproché, on n’a pas besoin d’appuyer sur avance rapide, le mec est subjuguant tel quel, là.

Dans ce cas, ces seconds rôles ont le même pouvoir que les grandes stars. Vous voyez un bout du corps d’Hussein et vous pouvez imaginer tout Hussein. Pareil pour les autres stars de Now comme Fred Faurtin, X de Titan, Alexsander Freitas, Julian Stellano, les grands gagnants des GayVN Awards. Mais ces seconds rôles, personne ne les connaît, peut-être parce que personne ne les a remarqués. En tout cas, ils ne sont pas du tout à la Folsom Street Fair. Ils sont souvent hétéros, même s’ils baisent très bien.

C’est pour ça qu’ils sont étrangement efficaces. Si votre DVD chéri, votre doudou d’entre tous, ne vous fait pas cliquer de l’œil (allez, encore une expression idiote) alors vous pouvez être certain que ces mecs déclencheront chez vous cette montée d’adrénaline. N’importe quel jour. J’entends tout de suite une nuée de réclamations politiquement correctes : ces seconds rôles sont les plus asservis du système pornographique international ! Tu contribues à la déforestation de Sumatra en disant ça ! Et puis, pourquoi pas Buck Angel dans les seconds rôles ! Tu fais de la discrimination en choisissant des mecs poilus ! Tu fais une généralité d’un délire sur ces mecs qui est juste ton délire à toi ! Et puis pourquoi tu écris ça aujourd’hui ? Tu ne fais pas grève contre les retraites ?

Découvert par Body Prod ou plus probablement par Csaba Borbely, il y a Flavio Valentino qu’on voit dans pas mal de films muais qui est bien dans « Rugby For Men Only » ou Steve Hunt, toujours dans le même film et plein d’autres sous-produit de l’Europe de l’Est. Un des mes préférés est Zoltan Gondor, un mec où le gaydar s’arrête à chaque fois : grand, brun, avec un visage carré/parfait, il est génial quand il suce et se fait enculer. Il est toujours bien. Quelqu’un devrait faire quelque chose avec ce visage comme : le PHOTOGRAPHIER. On le voit dans plein de films comme « Bleus Bites » de Clair Production et « Casting Couch » chez Olympus. Toujours dans le même DVD mais dans plusieurs films d’Eric Moussu, il y a le hongrois Rod Stevens, ce petit mec qui ressemble à un taulard qui a un cul incroyable (il s’assoit tout le temps) avec des jambes poilues qui font partie des 10 plus belles paires de jambes du porno et ces cons de réalisateurs les rasent la moitié du temps, comme son torse. Ils n’ont rien compris à ce qui rend ce mec si unique. Dans « Allez les bleus », toujours chez Clair Production », il y a aussi ce type qui ressemble à un diable avec une bite très dure et des expressions de visage de forcené.

Dans les films brésiliens de Gavin Lowe pour Raging Stallion "Latin Jock " par exemple, il y a Andre Gaucho, cet acteur qui me fascine toujours parce qu’il est tellement atypique : musclé un peu gras, il est 100% bandant tut le temps, je crois que c’est la moue de son visage ou sa bite qui est toujours dure je ne sais pas. Chez Cazzo, il y a ce mec, Isaac, qui ressemble à un Turc et j’ai déjà écrit sur lui pour « Match Maker », le mec est hallucinant dans les 3 films qu’il a fait et puis pfuit ! il a disparu, on aurait du lui faire un pont d’or (allez, encore une expression toute faite) pour le garder. Chez Citébeur, on sedemande pourquoi Chris n’est pas devenu une star : un seul film. Il est où, il dfait quoi ? On l’engage plus ?

Chez les américains, la situation est différente parce que, finalement, les seconds rôles finissent toujours par être recyclées en stars de premier rang. Le capitalisme ! Il suffit que les studios réalisent qu’il y a une niche érotique autour d’un acteur secondaire pour qu’ils lui consacrent un DVD spécial. Donc l’ascension sociale dans le porno américain fonctionne (ahah). C’est surtout le cas pour les mecs passifs insatiables, ceux qui bandent tout le temps et qui s’avent s’asseoir comme Marcos Paris qui a son propre DVD hommage chez Hot House et C.J.Knight aussi. Ce sont des mecs qi ne sont jamais en cover de DVD, mais ils sont si efficaces dans ce qu’ils font qu’ils finissent par obtenir le DVD collector, ce que peu d’acteurs passifs finissent pas obtenir, finalement. Les rares acteurs secondaires qui sont toujours renversants finissent, eux aussi, par développer un following immense et fidèle. Qui n’est pas gaga de Cole Ryan, le mec qui était supposé être vierge avant de rejoindre Titan ? Et le plus joli Irlandais du porno US,Dean Tucker, je suis le seul à le préférer aux grandes stars de Titan ? Mieux : avez-vous remarqué ce clone, Gio Forte, qui est un des mecs qui réussit le mieux les blow jobs qu’on lui donne ? Il a l’air d’exploser à chaque coup de langue et pourtant il n’est jamais dans les leading roles. Et enfin, un des meilleurs seconds rôles des temps modernes, Scott Campbell, qui est toujours en tout petit sur les jaquettes de Mustang, mais qui réussit toujours la meilleure scène du DVD où il apparaît ?

Ces seconds rôles ne sont pas là pour renverser les stars. Ils n’en n’ont même pas envie. C’est souvent, précisément, parce qu’il sont un peu dans l’ombre qu’on finit par les comprendre mieux, on leur laisse plus de liberté, ils sont moins formatés que les autres et, peut-être, parvient-ils mieux à montrer qui ils sont, dans la vraie vie.