Porno Porno Noir : un historique rapide
J’ai assez bien suivi l’évolution du porno gay depuis…30 ans. Il n’y a pas une période de cette évolution que je ne connaisse en détail. Et l’idée selon laquelle les noirs ont été discriminés dans ce domaine demande des éclaircissements. Il existe de nombreux cas dans le porno gay où les noirs ont été enfermés dans des rôles ou des activités sexuelles aliénantes (au sens large). On leur a attribué des rôles de dominateurs, de thugs, de bodybuilders surpuissants, ou de lavettes soumises. Dans le porno amateur actuel, c’est encore pire avec une mise en scène encore pus crue puisqu’elle est souvent associée au bareback. Car le bareback accentue encore plus le symbolisme de la domination, comme dans les films de Machofucker chez Treasure Island Media.
Il est pourtant impossible de résumer la présence des noirs dans le porno gay à cet aspect négatif et raciste. Je lis régulièrement des avis critiques et contradictoires sur ce sujet, sur FB ou les blogs. Le porno est une affaire de fantasmes et d’érostisme très pointu donc forcément cet aspect restrictif des noirs est une source d’excitation, pour les blancs comme pour les noirs d’ailleurs. De plus, l’histoire du porno gay a aussi souvent montré une autre manière de montrer les noirs, dans une idée de libération et c’est ce que je vais essayer de montrer.
D’abord, il est important de dire tout de suite que si l’on aime le porno en général, il est tout à fait normal et logique que les noirs puissent aussi vivre leurs fantasmes, soit en jouant dans les films, soit en les regardant. Je ne vois vraiment pas pourquoi ce type de plaisir serait réservé aux autres. Je peux témoigner que les noirs que j’aime dans le porno ne sont pas vraiment des hommes qui s’ennuient. Certains sont des stars car ils sont très bons pour s’imposer dans une industrie hyper compétitive – et ça les excite. En fin de course d’une carrière porno, je suis persuadé que presque tous, noirs ou blancs, partent déçus et amers. Mais au début, quand ils arrivent sur le marché, et pendant plusieurs années ensuite, ce sont des hommes qui prennent leur pied dans le porno et qui évoluent dans leur sexualité. Ils deviennent célèbres, gagnent (parfois) de l’argent, et sont admirés. À notre époque, celle de YouTube et des célébrités, c’est quand même l’essence de ce que les gens veulent atteindre. Fame.
Historiquement, cela a commencé très timidement pour les noirs. Dans les années 60, la ségrégation existe forcément aussi dans le porno et il n’y a que AMG pour montrer des noirs. Même si c’est souvent à travers des clichés de rôles comme le bodybuilder ou l’indien des westerns, mais c’est souvent ainsi que ça se passe dans le grand cinéma en général. Les clichés de Bob Mizer sont souvent les échos homosexuels des représentations des noirs dans la culture générale américaine. Comme tous les autres modèles d’AMG, le modèle pose dans un rôle et des décors en accord avec sa fonction imaginaire. Son fantasme est celui que choisissait Bob Mizer pour lui et le sujet n’a pas de vraie identité. Pourtant, déjà, le mouvement culturiste des années 50 les met en valeur, comme n’importe quel culturiste et il y a eu assez de livres écrits sur le sujet pour savoir que cette visibilité, pour les noirs culturistes, a été très largement positive. Aujourd’hui encore, des fagzines comme Straight To Hell choisissent encore ces images des années 60 et 70 comme iconiques d’un intérêt sincère pour le modèle noir. Que les modèles d’AMG aient aient été gays ou non, ce n’est plus un sujet de discussion : ce sont des symboles de leur époque.
Dans les années 70, il y a Third World Studios et surtout Sierra Domino, le premier studio de blacks de San Francisco, qui publiait des revues et quelques films dans lesquels tous les principes du botherly love sont vantés. Dans ces revues, il y avait des descriptions des modèles, et pas uniquement sous l’angle sexuel. Il y avait des poèmes. Il s’agissait de revues de noirs écrites par des noirs. Les hommes étaient naturels, souvent machos, mais d’une manière hippie ou alternative, plutôt outdoors, pas clubland du tout.
Du côté du porno naissant de Falcon, la place des noirs est minuscule. Comme Falcon et Colt furent les premiers grands studios porno gays, on peut évaluer la présence des noirs dans ces studios comme un indicateur sociologique. Dans le cas de Falcon, je pense que cette absence était surtout due à une timidité devant le sujet et la manière de faire. Ils ne refusaient pas d’engager des acteurs noirs parce qu’ils étaient contre ou qu’ils s’imaginaient que ce serait mal perçu, non, ils avaient surtout peur de mal le faire. Dans un des premiers Falcon, il y a cet acteur qui fait un solo et on voit dans ce petit film les hésitations du studio. L’acteur est un black simple, funky, habillé avec des fringues d’étudiant et on le voit sur le campus avec son vélo. Loin des clichés du black, il a l’air d’être comme ça dans la vie et le film le monte à poil d’une manière correcte, c’est juste un mec sexy qui se branle sans faire tout un tralala. Chez Brentwood, il y a « Ebony Love », un duo interracial plus caractéristique avec un black dominant avec une très belle bite et un clone blanc tellement excité qu’il a l’air de planer de plaisir. Il y a aussi un célèbre solo dans un des premiers films de Mustang par un gros bébé bodybuildé avec une bite super belle (je cherche la VHS chez moi pour donner le titre mais, comme d’habitude, je l’ai tellement bien rangée qu’elle est introuvable - more later). Car les studios blancs comme Mustang, très marqués par les bodybuilders, commencent à engager des bodybuilder noirs, ce qui est normal vu leur gabarit. Et puis il y a "Mr Footlong’s Encounter", le film qui a été présenté comme le premier film black gay, avec un twist SM en plus.
Pendant ce temps, en Europe, il y a aussi les films de Cadinot, où les tapins noirs apparaissent régulièrement, peut-être même plus régulièrement que dans les films américains. Dans les albums de photos de Cadinot qui ont eu un énorme succès avant l’arrivée massive des cassettes VHS, les maghrébins sont aussi en vedette. Cadinot considérait sûrement que cela faisait partie de l’underground gay et qu’il fallait le mettre en valeur car c’était sexuellement chargé.
Dans les années 80, je me rappelle surtout de la série des « Black Sex Party » qui furent les premiers films à montrer exclusivement des blacks américains entre eux avec l’apparition des premiers mecs qui ressemblent à des porno stars bodybuilders, comme dans "Black Workout". À l’époque, cette série de films était la plus excitante car voir des noirs faire l’amour entre eux était nouveau et attendu de longue date – enfin moi ça faisait longtemps que je fantasmais là-dessus. Cette série de films a très bien marché et elle a sûrement servi de modèle pour la série des « Black Ballers » de ChiChi LaRue qui ont ont eu beaucoup de succès dans les années 2000 jusqu’à aujourd’hui.
C’est donc avec « Black Sex Party » que l’on commence à voir comment les noirs font l’amour entre eux. Avec "Black Sweat", T.J.Swan s’impose comme un des premiers acteurs blacks reconnus. Bien sûr, l’action est la même qu’avec les blancs, on se suce et on s’encule, mais il y a une manière de se comporter qui est parfois particulière, c’est d’ailleurs cette ambiance assez difficile à décrire, une sorte de mojo, qui sera ensuite développé par les studios spécialisés comme Latino Fan Club, Flava ou même CitéBeur. Ce rapprochement black = cités a été capturé dès son début par Old Reliable dans la série des "Basic Black", mais Old Reliable est le studio par excellece des mecs des rues et des rednecks de toutes les races.
Celui qui introduit vraiment une esthétique et une persévérance black dans ses films, c’est Kristen Bjorn et là, dans les années 80, les noirs sont toujours présents. Il faut aussi se rappeler du contexte : initialement, les films de Kristen Bjorn était critiqués par les vrais gays parce qu’ils montraient des acteurs en majorité hétéros. Ça contredisait l’idée politique du porno, selon laquelle le porno gay devait engager des acteurs clairement homosexuels. Aujourd’hui, on s’en fout qui est gay ou pas. Finalement, le cinéma de Kristen Bjorn est fait par un Américain qui s’éloigne de plus en plus des Américains. Au début, les noirs sont souvent cantonnés dans des rôles de mecs actifs comme Caio Amaral dans « Carnaval in Rio » ou dans "Island Fever" avec ce black géant, Pretao Grandao avec une bite non circoncise hallucinante. Il y a aussi les célèbres jumeaux noirs dans "Caribbean Heat". Bjorn passe aussi toutes les Caraïbes au peigne fin et révèle les premiers latins.
Au même moment, Falcon utilise encore rarement les noirs dans ses films. Il y a ce black mémorable dans "The Other Side of Aspen II" de Falcon, une scène célèbre de baise dans des fausses toilettes d’avion avec une proximité qui accentue la bite XXXL de l’acteur OJ Johnson qui ne fera pas beaucoup d’autres films, c’est un mystère. Dans "Ramcharger" de Jocks, il y a un couple interracial. Dans "Style" du Falcon Video Pack 24, il y a un trio au bord de la piscine avec Art Williams. Dans "Spokes" (1983), il y a un black qui s’est caché dans les meules de foin. Mais Falcon ne sera jamais vraiment interracial, d’ailleurs il suffit de chercher sur leur site les DVDS avec des Africains Américains et la liste est courte : 28 films sur plusieurs centaines au total.
Tandis que pendant ce temps, Kristen Bjorn a déjà beaucoup d’acteurs noirs et il écume la terre entière (à part l’Asie, ça serait bien qu’il s’y mette d’ailleurs) pour trouver les plus beaux mecs de la planète, dont un nombre important seront des stars plus tard, par exemple chez Raging Stallion. Bjorn va donc propulser commercialement, avec d’autres modèles blancs, latinos ou whatever une esthétique noire dans le porno, quasiment toujours associée au succès. Que l’on aime ou pas son érotisme, ce qu’il fait est inégalé, dans le nombre des orgasmes et le nombre de scènes. Aujourd’hui, ces acteurs noirs ne se limitent plus à des clichés de domination sexuelle, ils sont tous versatiles.
Nous arrivons à la fin des années 80, les noirs sont de plus en plus présents dans le porno américain tout au long des années 90. Chaque studio a ses stars de plus en plus célèbres comme Joe Simmons, qui dépassent le seul domaine du porno pour être photographiés par Robert Maplethorpe ou Stanley Stellar. Surtout, les studios indépendants apparaissent à la fin de la décennie comme Ebony Video ou Latino Fan Club avec des stars comme Tyger Tyson, etc. Comme Flava plus tard, ces studios sont très associés à la prostitution, on peut même dire que les films sont des supports publicitaires à des carrières de rent boys. Le titre le plus emblématique de ce système, c’est "I was a teenage hustler !" qui culminera en 1999. C’est donc l’exemple typique du porno associé aux arnaques, aux embrouilles, à la dureté de la vie urbaine pour les noirs.
Pour moi, les leaders black du porno des années 90 sont Bobby Blake, Jack Simmons, Bam. Il y a aussi Flex Deon Blake, le compagnon de Bobby Blake dans la vie, une sorte de bodybuilder énorme avec une petite bite pas toujours en érection. Je crois d’ailleurs que c’est le seul acteur porno black avec une petite bite. On a une assez bonne description de la vie de ces acteurs dans le livre de Bobby Blake, "My life in porn".
La célébrité de ces acteurs permet, pour la première fois, une diffusion française de films gays avec des noirs comme "Black & d’Equerre" ou "L’Arène des Gladiateurs", des films de série B qui permettent de voir d’autres séquences avec Booby Blake et sa bande. Comme toujours dans le porno, les produits secondaires sont parfois aussi excitants que les classiques. Ces VHS, que l’on trouvait alors chez IEM ou chez French Art, à Paris, étaient le seul et unique moyen de voir des blacks dans des films pornos.
Les années 90 s’achèvent avec la fantastique série des "Black Ballers", des films qui se targuent de rassembler les plus importants acteurs noirs. C’est aussi à ce moment qu’apparaît Flava, un studio porno de Chicago, spécialisé dans les noirs et les latinos. Pour moi, Flava réussit surtout ses films de solos, qui ressemblent aux films de casting comme ceux de Bel Ami. Tout le reste de Flava sent un peu le moisi, d’ailleurs, Flava a cumulé plusieurs procès dans les dernières années dont un assez connu : des jeunes acteurs ont attaqué le studio car ils considèrent qu’ils ont été contaminés par le VIH lors du tournage de certains films. Le série des Cocodorm est pour moi exactement ce qu’il ne faut pas faire : engager de jeunes blacks de 19 ans à peine qui ne sont pas excités par ce qu’ils font.
Je ne vais pas entrer ici dans la polémique de la bite des noirs, ça mériterait un article entier. Le sujet est trop explosif dans la vie réelle alors que dans le porno, il est réglé depuis longtemps. Un acteur noir a toujours une belle bite, parce que c’est comme ça. En tout cas, dans le porno US, je suppose que l’on n’engage pas un acteur black avec un pénis riquiqui, même s’il est très beau. Le porno a donc ici une perspective décalée de ce qu’est une bite noire, car elle est toujours belle, sinon grosse ou immense. Alors que ce n’est pas le cas chez les blancs ou les latinos, puisqu’il y a beaucoup d’acteurs célèbres qui sont célèbres malgré une petite bite. Les blacks sont donc privilégiés dans leur représentation, ce qui peut s’avérer du racisme à l’envers et je comprends que cet autre défaut du porno vis à vis des noirs puisse choquer. Mais il ne faut pas oublier, non plus, ce que disent certains comiques de stand up comme Chris Rock, énormément connus aux USA, qui entérinent souvent ce mythe, même pour le déconstruire en faisant rire. Et il y a aussi les discussions des blacks entre eux, qui admettent souvent, en sortant du politiquement correct : « Ben oui, on a des grosses bites, la belle affaire, duh ».
Je crois que les années 90 ont été le moment pendant lequelles les blacks ont été le plus enfermés dans les clichés identitaires qu’on a imposé sur leurs corps, leurs attitudes ou dans les mythes dans lesquels la société veut les enfermer. Je le vois comme un passage obligé entre une fausse naïveté des années 70 (avec une visibilité réduite en plus) et l’image beaucoup plus apaisée de l’on a depuis les années 2000.
Et puis, il y a les produits inclassables, les vraies curiosités. Je ne sais pas exactement que quand datent "Men in Africa" et "Sex In Africa" de Jean-Noël René Clair car ce dernier ne donne pas souvent la date de production de ses films, mais je crois que ce sont les seuls exemples de films gays tournés en Afrique. Certaines séquences ont été rassemblées dans le DVD "Africa Sex", mais on y perd au change. La VHS de "Men In Africa" se concentre surtout sur des solos, tandis que "Sex In Africa" montre des duos. Il serait intéressant de décortiquer ces films pour montrer si JNRC s’est comporté d’une manière grossière vis-à-vis de ses modèles. Pour moi, il est totalement correct. Il les filme comme ses modèles français, avec la même narration, les mêmes plans, les mêmes regards. Mais il a eu le courage d’aller dans des pays africains où personne n’était allé avant lui. Et depuis d’ailleurs, je ne vois rien d’équivalent. Cazzo et Bel Ami ont fait des films en Afrique du Sud, mais dans le cas de Bel Ami, le cast est entièrement blanc. "Luthando" de Cazzo est un bon film interracial, no doubt.
Les noirs connus du porno gay actuel sont des mecs comme les autres, moins associés aux clichés du ghetto. À part les DVDs new-yorkais comme « Meat Packers » (plus de 40 DVDs dans la série !) ou les thugs se branlent en solo, ou « Latin Loads », "Bruthaloads" et « Macho Fucker » de Treasure Island Media, les autres noirs sont des mecs de la middle class gay. Ce sont des mecs qui travaillent dans le porno gay parce qu’ils sont bons, en tant que gays. Il y a donc un sentiment égalitaire qui existe aujourd’hui qui n’existait pas avant et je pense que c’est un argument important qu’il faut garder en mémoire quand on attaque systématiquement la présence des noirs dans le porno, ou la manière avec laquelle ils sont utilisés. Les noirs de Hot House, Damien Holt ou Marc Williams, sont des gays comme leurs partenaires blancs (ou noirs). Ceux de Raging comme Race Cooper ou Jay Black sont des hommes excités, comme les autres. Ils sont habillés pareil, ils ont les mêmes fantasmes, les mêmes rôles. Ceux de Titan sont aussi maousses que les acteurs blancs. Il y a bien le cas d’école de Dred Scott qui a quitté Titan en claquant la porte, mais on ne connaît pas les détails de l’histoire et personnellement, je ne sais même pas si Dred vit encore. Et je serais plutôt d’avis de voir ce départ comme un moment charnière, comme si c’était la fin d’un cycle. Dred est un métis célèbre, c’est quelqu’un qui se montrait colérique, sûrement radical au niveau politique. Il ne pouvait pas rester longtemps dans un tel milieu, même si Titan est un cran au dessus des autres studios en termes d’éthique dans le porno gay.
Enfin, il faut mettre cette période plus égalitaire entre acteurs blancs, noirs et latinos dans le porno gay en parallèle avec ce qui se passe sur Internet ou dans le porno amateur. Après tout, l’industrie du porno gay, celle dont on parle dans les magazines, ou sur ce site, c’est surtout l’industrie gay mainstream, celle qui a des bureaux sur la rue. Celle qui est légale. Il y a encore peu de porno queer même si le Paris Porn Film Festival nous dit le contraire, mais on ne va pas argumenter ça ici. Ce qui se passe dans le porno amateur et sur Xtube, c’est l’effondrement des tentatives de normalisation du porno officiel en ce qui concerne la mixité raciale. Dans l’underground, c’est l’anarchie, un peu comme la profusion d’annonces de cul sur des sites aussi immenses que Craigslist. Depuis quelques années déjà, ces sites Internet permettent un self service de tout, au plus bas prix, c’est le hard discount du cul. Sur Craigslist, tout le monde se vend pour 30 dollars, et ça concerne les noirs comme les blancs. À tel point que les gays américains n’ont plus besoin de passer par les sites d’escort officiels comme rentboy.com puisqu’ils peuvent trouver n’importe qui (hétéro ou gay) pour le dixième de ce qu’il faut payer avec des tarifs officiels (200 ou 300 dollars sur rentboy.com).
Cette hyper-disponibilité des films et des hommes a un effet immense sur le contenu des films. La très grande majorité de ce qui est "produit" aujourd’hui n’est plus safe, il suffit de regarder sur le portail amvc.com Le fait que ce soit des noirs qui filment des noirs ne garantit plus un traitement digne. Les acteurs sont à nouveau considérés comme de la viande, et ça peut être excitant pour certains (pas pour moi), mais ce n’est pas ça qui fera changer les clichés racistes. Il y a bien un élément de vérité dans tout ça, mais je commence à me dire que le porno gay "traditionnel" a établi des règles de présentation ethniques qui sont plus respectueuses que la jungle qui se dévelppe partout ailleurs. Ces studios ont des chartes. Si on acteur noir ou latino se fait traiter d’une manière insultante, il y a un feedback qui critique la direction du studio. Une polémique est vite arrivée. L’image de marque du studio peut être atteinte. Et parmi les nouveaux films qui sortent chez Hot House, Titan, Raging ou ailleurs, je ne vois pas de dégringolade du respect que l’on doit aux minorités. Je dirais même que cela se consolide.
C’est pourquoi je crois qu’on est arrivé, sur ce sujet, à un plateau plus calme dans la production mainstream, celle qui m’intéresse. La présence des noirs dans le porno ne peut plus être vue uniquement avec une sorte de malédiction post-coloniale ou raciste. Je fais pourtant partie de ces gens qui chipotent sur CiteBeur parce que ça se passe la moitié du temps dans les caves et les parkings, mais si ces films n’existaient pas et qu’ils n’avaient pas ce succès, ce serait une incohérence de l’érotisme moderne. S’il n’y avait pas de films comme les "Black Balled" de Chichi LaRue où un acteur blanc baise tour à tour avec 10 blacks (sans que ce soit forcément ce qu’on appelle une "tournante), je ne comprendrais pas que ça n’existe pas. S’il n’y avait pas les films de "Meat Packers", où on voit des prolos blacks se branler devant la caméra, il faudrait le faire.
Il ne faut pas oublier qu’en France, nous n’avons pas de grand festival noir comme Notting Hill et il n’y a pas de Black Pride comme à Chicago non plus. Pourtant, ça devrait exister. Notre vision des noirs entre eux est forcément parcélaire parce que notre pays a toujours du mal à accepter que les noirs et les arabes puissent faire ce qu’ils veulent partout, dans la sexualité aussi. Il y a plein de noirs gays et de beurs gays qui ne veulent absolument pas sortir avec des blancs. Et nous avons été tellement enfouis dans notre interdiction de parler de la race, en général, que tout ce qui y touche est jugé risqué. Or les pornos modernes montrent les noirs (et aujourd’hui les arabes ou les juifs) dans une sexualité décomplexée. Cette représentation leur appartient, comme aux blancs. À travers le jeu des modèles et des acteurs, on ne voit pas que des corps noirs ou arabes, on voit des personalités qui nous permettent de comprendre mieux les noirs et les arabes, exactement comme l’énorme production de films SM a permis de faire comprendre à un grand nombre ce que ça veut dire d’être cuir.
Dans le porno comme dans le cinéma, l’acteur n’est heureusement pas seulement une ethnie, c’est un homme. Mais je ne vois pas non plus de problème à ce qu’un film interracial soit décrit comme interracial. Je ne ressens pas la honte qu’il y aurait à être particulièrement attiré par les noirs. J’aime tout le monde : les blonds et les bruns, les petits et les grands, les noirs et les blancs, les arabes et les autres. J’ai un faible pour les noirs parce que j’ai eu la chance d’avoir uniquement de bonnes relations au lit avec eux. Ça c’est toujours bien passé. Les mecs noirs avec qui je suis sorti sont devenus des fuck buddies ou des amis. Je suis donc forcément influencé, dans mon attraction, par le souvenir cumulé de ces bonnes relations.
Et si je suis aussi dans l’admiration des clones et des barbus, des jeunes mecs et plein de gens, ma palette affective est très large, donc je ne vois pas pourquoi mon affection pour les noirs et les arabes devrait être un problème non plus, quelque chose que l’on ne devrait pas exprimer. Ce n’est pas comme si j’admettais une fixette pour un truc hyper pointu et tordu. Non, ça veut dire que ma sexualité est accueillante pour plusieurs continents et je ne vois pas le mal là-dedans. Et c’est aussi le porno qui m’a aidé dans cette affection qui, je crois, restera en moi pour toujours.