Porno Turk
de Jean-Noël René Clair (JNRC)
Cast : une dizaine de Turcs trouvés loin de la route principale
Avec ce qui se passe dans l’affaire JNRC, ce n’est pas seulement un faits divers. C’est difficile de rappeler à quel point il n’est pas un réalisateur porno comme les autres. Oui, il est allé dans des régions où on baise pour quelques euros, mais d’autres réalisateurs sont plus flemmards quand il s’agit de trouver de nouveaux modèles. La très grande majorité des acteurs des films de JNRC sont français et ce n’est que récemment, depuis 5 ans, qu’il a pris des risques de plus en plus importants en allant dans des coins paumés de Roumanie ou de Turquie pour trouver des hétéros encore plus hors circuit porno que l’on puisse imaginer.
C’est connu, je n’aime pas les films bareback, à part ceux de Machofucker, et il se trouve que JNRC n’a pratiquement fait que ça depuis quelques années. Il est connu pour ses films de solos ou des films où pratiquement tous les mecs sont hétéros (safe). Désormais, il est connu pour ses films bareback, les moins bien filmés, les moins bien éclairés. Ses films bareback ne sont pas aussi glauques que ceux de Treasure Island Media, mais c’est pas loin derrière. Il n’y a pas de délire de technique ou de rôle, les mecs ne mettent pas de capote.
J’ai dit à plusieurs reprises à JNRC que je n’étais pas content du virage de sa carrière car je l’aime beaucoup. Mais il me disait deux choses. D’abord, ses fans lui demandaient ces films bareback. Ce n’est pas une raison pour les faire, je sais, mais JNRC était clairement en train de terminer sa carrière. Il me disait qu’il avait l’impression d’être poursuivi par le fisc parce que c’était un producteur porno, mais on sait tous qu’il n’est pas millionnaire non plus. Il a récemment vendu tout son catalogue à Studio Presse qui tente de le marketer d’une autre manière. Bref, il ne s’en sortait plus très bien. Et surtout, il commençait à être fatigué de vivre ses tournages avec de plus en plus de problèmes. Comme il allait de plus en plus loin dans des coins perdus, il se trouvait confronté à un contexte dangereux. Il s’est fait voler je ne sais combien de caméras, c’est d’ailleurs pour ça que ses films récents n’ont plus qu’un angle d’orgasme. Il s’est trouvé plusieurs fois arnaqué de tout ce qu’il avait dans sa chambre. Des fois, il devait quitter en vitesse la petite ville où il filmait. Et il n’aimait plus ça, ce danger, il n’était pas du tout alimenté par une sorte d’adrénaline pasolinienne, il disait qu’il en avait marre.
JNRC est un mec bien. Je l’ai écrit plein de fois et je le redis : des réalisateurs porno que je connais, c’est celui qui a le moins la grosse tête, c’est un homme qui n’a pas d’ego et qui ne sait pas répondre quand vous faites un compliment sur ses films. Je considère qu’il a au moins 10 de ces films qui sont des œuvres d’art, dans le sens du vrai art. C’est conceptuel, toujours tourné de la même manière, avec le même déroulé et des modèles si real que ça vous fait changer beaucoup d’idées reçues sur le porno. Ses films ne vieillissent pas, alors que c’est un problème majeur dans le porno, gay ou hétéro. Et le mec est complètement gaga de ses acteurs. Il a quasiment inventé un nouveau look de mec, ceux qui existent dans la rue et qu’on ne voit jamais. Il les filme comme personne. Il nous révèle un aspect de la masturbation hétéro que l’on n’avait jamais vue dans le porno gay après lui.
Je ne sais rien de ce qui se passe en Bulgarie pour lui. Je sais que des avocats s’occupent de lui et donc je n’ai rien à dire sur le cœur du problème : il est en prison. Un ami m’a envoyé la carte des pays dans lesquels la prostitution est légale et ça donne ça. Il ne faut pas oublier que, depuis 15 ans, le porno gay en Europe Centrale a eu des moments importants. Aujourd’hui, j’ai l’impression que ça se tasse un peu, à part les films jeunes bareback, mais à un moment, la production combinée de Bel Ami et de tous les films genre Stéphane Moussu, les studios américains qui allaient filmer là-bas et les acteurs d’Europe qui allaient aux USA, ça a déstabilisé l’hégémonie américaine.
"Turk" est un de ces films de JNRC qui montent ce que ça donne, quand on quitte la route principale et qu’on cherche des mecs qui n’ont jamais tourné dans un film, et qui n’ont même pas baisé pour quelques euros. Filmé dans des pièces où le papier se décolle des murs, avec juste un petit cadre ou un bouquet sur une étagère, JNRC fait un film complètement à côté de ce qui se fait dans le reste du monde. Ce n’est pas pastoral, c’est des mecs de la cambrouse qui se branlent et qui ont un sperme lourd, laiteux, épais. Il y en a certains qui n’ont jamais posé pour une caméra, mais qui savent par instinct comment il faut se mettre dans un film porno, de quel coté il faut se tourner, comment regarder la caméra. Il y en a un, celui qui est photographié ici en premier, qui ne cesse de regarder l’objectif pendant qu’il se branle et qu’il jouit. Il y en a un autre qui a tatoué le mot TAXI sur sa bite.
SAFE