Archives Magazine The Magazine collection Introduction à Magazine N°0
Donc voici le N°0. Grand format, une soixantaine de pages, couverture en sérigraphie avec un bonus cadeau sous la forme du disque souple de mon frère Lala et son premier single avant sa sortie commerciale, « Jolie Fille d’Alger ». Je rappelle que ce n°0 est en fait un N°1 mais on a du faire un autre N°1 ensuite à cause d’une histoire de droits de titre mais bon, entre nous, c’est devenu le « Numéro 0 ».
Ce qui me frappe à chaque fois, c’est le fait de créer une petite revue audacieuse avec juste les copains proches. En 1980, moins de trois ans après mon arrivée à Paris, mon réseau (le mot n’existait pas encore, on ne parlait jamais de « réseau de connaissances ») était minuscule, il s’agissait de mes frères (mon frère ainé m’ai donné un peu de sous, ainsi que Maxime Journiac et Philippe Ouada), de mes amis Sébastien Lucaire et Pascal Mounet, de Patrick Sarfati, de Dominique André qui s’occupait des photos et du groupe des Grecs exilés à Paris et c’était tout. Un tout petit groupe de personnes, et personne de vraiment célèbre. Mist était là, évidemment, avec toutes ses idées géniales pour la maquette.
Personne ne savait écrire et on a fait ce qui nous excitait vraiment. On a interviewé les célébrités à notre portée : Lala, Ivan Cattaneo qui était un chanteur gay italien qui avait une réputation underground, Jean LeBitoux, Jean-Pierre Battiloni qui faisait des fringues déstructurées totalement Lady Gaga avant l’heure, Daniel Giboury, le plus grand fan de Bowie de l’époque et Jean-Philippe Coz qui avait contribué à Gaie Presse. Puis, des stars plus difficiles à attraper : Jacno, Madness, l’acteur porno Karl Forest, Bernard Faucon, Kiki Picasso. Et bien sûr, la particularité de Magazine : la recherche des dinosaures adorés, Debnise Glaser, Pieral.
La deuxième partie de la revue n’est alors pas consacrée aux revues érotiques. On y trouve que des articles de kids fans. Sébastien Lucaire écrit sur Bowie, Pascal Galy écriot sur le cinéma japonais et les films de gosses, Pascal Mounet écrit sur les décadents et Jean Lorrain, Misti écrit sur la télé et moi sur la disco avec les tubes de l’époque (et un test psycho gay en bonus).
La troisième partie est belle, pas particulièrement bien imprimée car on avait choisi un papier cheap exprès, pour faire un effet contraste avec le chic de la sérigraphie de couverture. Ma photo préférée est bien sûr celle de Sakis Kavadias (RIP) en page 50, le plus beau Grec de Paris de sa génération, un clone merveilleux. Ah oui, il y avait aussi cette photo incroyable de William Burroughs en page 55 que Jean-Philippe Coz avait chapardée chez quelqu’un, un tirage original.
Donc une revue gay alternative post-punk avec un disque souple d’un artiste gay. Wow, gay truth WAS really marching on !